Et voilà, ce qui devait arriver arriva, ma Miss Couècouettes grandit, et je me suis fait choper par la dirlo de l’école pour voir si je comptais l’inscrire à la rentrée… Oups, ben euh Madame comment vous dire, je suis pas sûre de la mettre à l’école en Petite Section, peut-être plus tard ?… Ma puce a de toutes petites couettes, comme vous pouvez le voir, elle est haute comme trois pommes, vous avez encore du bol qu’elle ne tète plus.
Nan allez, vous blaguez ! Ma fille n’aura pas 3 ans à la rentrée ? Nonnn c’est pas encore son tour d’aller à l’école, siiiiii ? ? Puuunaise… Voilà qu’on est dans les démarches pour trouver un lycée à notre grand et qu’on a zappé que notre petite avait grandi…
En vrai, j’y avais bien déjà un peu pensé à cette rentrée il y a quelques mois, mais je me disais qu’on verrait bien quand on y serait : si elle serait prête ou pas, si elle montrerait de l’intérêt pour ou pas, si elle souhaiterait se mêler aux autres ou pas. Quant à savoir si elle serait prête pour « marcher au pas » ou pas, c’est une autre affaire…
Ou plutôt, c’est THE affaire. « Ah oui mais, faut vous presser, les inscriptions c’est bientôt et on a énormément de demandes, si vous attendez, il n’y aura pas de place pour elle… »
THE affaire… Ma fille est-elle prête pour accepter des règles, les mêmes pour tous, en toute circonstance, des règles souvent là pour privilégier le confort de la maîtresse, en imposant tellement de restrictions aux petits qui ne rêvent que de liberté et de spontanéité. Comment ? ! Je vous entends d’ici offusqués et outrés voire choqués voire encore anéantis de choquerie avancée : cette enfant-là n’obéit à aucune règle ?
Ben vi, cette enfant de deux ans et demi n’a jamais été punie, se couche à l’heure qu’elle veut, et a le droit de dire non, en clair elle est libre. Libre de vivre et pousser à son rythme. Libre comme moi je souhaite l’être aussi.
Libre comme l’a été son frère de deux ans son aîné. Son frère qui est arrivé en Maternelle avec toute sa soif de découverte, toute sa vivacité, son esprit pétillant, sa curiosité de la vie et de rencontrer les autres, des émotions à partager plein les bras… Oui ce Frère 3 qui, le deuxième jour d’école, s’étant pris une claque morale magistrale en se heurtant à un mode d’enseignement « vieille école » et une maîtresse très contrôlante, s’est soudain retrouvé dans une angoisse et panique folle de la vie et des autres. L’école avait éteint notre Soleil. Oui, à la maison, ce petit garçon était libre. Libre d’éprouver et énoncer ses sentiments et émotions, libre d’exprimer des choses négatives, libre de sauter danser crier rire et se fâcher quand il en ressentait le besoin. Libre de lire, dessiner, faire de la pâte à modeler, ou se lover contre son doudou quand il en avait envie. On avait appris à vivre tous ensemble, et ma foi, ça roulait super bien. Petit bonhomme heureux-rieur-taquin, fut donc soudainement traité de bavard, perturbateur, agité, casse-pied, insupportable, ingérable, et le premier nouveau mot de son vocabulaire rapporté de l’école fut : « puni ».
« -Puni ? Mais comment ça ?
-Ben vi, Maîtresse elle m’a mis loin sur une chaise et j’étais triste parce que j’avais pas le droit d’avoir mon doudou.
-Mais qu’est-ce que tu avais fait ?
-Ché pas ».
Et c’était un petit animal apeuré que je récupérais chaque soir, quasiment retourné à l’état sauvage. Et pour moi un grand sentiment que l’on me sapait tout mon accompagnement de maman, beaucoup de colère et de révolte face à ce qui m’a paru une volonté de faire marcher au pas ces humains dès le plus jeune âge, parce que dans la vie, ça se passe comme ça de toute façon, faut bien s’habituer.
Voilà, je ne veux pas recommencer ça, je ne veux pas que l’école m’en abîme un autre.
Plus tard, dans une classe au-dessus, Frère 3 aura pu apprécier une maîtresse avenante, souriante, affectueuse, respectueuse, ouverte, toujours prête à trouver une solution pour que l’enfant soit à son aise. Ma puce serait bien, avec elle, demander à ce qu’elle soit sa maîtresse, oui éventuellement ?
Pfffff, ma puce… Ma puce c’est une puce quoi. Elle suce son pouce et veut sa maman toute la journée. Elle porte encore une couche la nuit. Elle s’amuse à la dînette, aux voitures, admire ses frères sans limite et joue à Star Wars. Y a des jouets de Star Wars à l’Ecole Maternelle, d’abord ? Non ? Bon alors, commençons par adapter le matériel d’apprentissage et on verra après. Héhé.
Sérieusement, oui j’ai envie de garder ma fille encore. Si si, j’ai bien envie qu’elle grandisse, mais grâce à l’amour de sa famille, et non pas à la confrontation et au rapport de force. Oui elle finira par s’y faire, mais apprendre la vie « à la dure » n’est pas ma philosophie. J’ai tant de choses à faire avec elle, l’emmener à la piscine, à des lectures de contes à la bibliothèque, lui apprendre à dessiner des bonhommes, à faire de la peinture, de la cuisine, des gommettes, lui apprendre des choses sur les animaux, les gens, … Ah c’est ce qu’on fait aussi à l’école ? CQFD… pourquoi l’y mettrais-je ?
L’instruction en famille, j’y ai souvent songé. Apprendre à son propre rythme, selon ses propres envies, en utilisant comme éléments déclencheurs de séquences les petites choses de la vie quotidienne….. J’ai même essayé de me lancer « avec filet », pour Frère 3, c’est-à-dire en plus de sa « vraie » école. Apprendre naturellement, en fin de compte. C’est ce qu’on fait déjà, pourquoi arrêter à 3 ans pour enfermer les enfants dans des classes parqués par âges ?
L’école……………… J’l’y mets ou j’l’y mets pas ?
[NDLR Je l’y ai mise. Pression sociale, peur de l’anti-conformisme, influence des craintes du papa quant à l’avenir, manque de connaissances sur l’IEF, non conscience des divers choix légitimes et légaux d’instruction, … L’école, la plus grande et douloureuse difficulté quotidienne de tous mes enfants. Enfants piégés par la décision des adultes.]
EM
Dommage!
J’espérais que tu aurais choisie l’unschooling!
Je viens de decouvrir ton blog et depuis deux jours je dévore tout tes articles:
Génial!
Inspirant!
Tu écris tellement bien!
Mais à chaque référence à l’ecole je me dis: mais elle n’a pas sauté le cap avec ses enfants?
Ils sont à l’école?
Il faut du courage, c’est sûre, des lectures, des témoignages… mais après c’est parti!
Il me semblait la conséquence logique de ta philosophie de vie, de ta façon de voire les petites hêtres humais!
Merci en tout cas!
Tes textes résonnent en moi!
Bienvenue Simona ! Très bien vu, l’unschooling correspond parfaitement à notre philosophie de vie (cet article-ci date du tout début de mon évolution dans ce sens, 2012).
La raison pour laquelle les enfants sont allés à l’école était, au début, que je pensais que l’instruction en famille était uniquement « l’école à la maison »: être l’institutrice de mon enfant, avec des horaires et des matières imposées, je ne m’en sentais pas capable.
Puis j’ai compris petit à petit que l’enfant pouvait être réellement plus libre que ça, et nous aussi. Mais leur père était très attaché au fait que ses enfants aillent à l’école et du coup j’ai « pratiqué » l’unschooling en-dehors de l’école seulement, sur le temps qu’il nous restait.
Depuis, les enfants ont fait leur chemin, et les souffrances scolaires ont commencé à apparaître pour l’un d’eux, qui a arrêté l’école en urgence. Il suit désormais sa scolarité à distance depuis la maison avec un support agréé par l’Education nationale. Là encore, son père (nous sommes séparés à présent) refuse l’unschooling, ce qui est la raison principale pour ne pas le pratiquer totalement. Voilà, merci pour ton commentaire et je suis très heureuse que tu apprécies !